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Catastrophe écologique majeure au Brésil, équivalente à un Fukushima

L’ampleur de cette catastrophe environnementale de résidus toxiques, entraînant ainsi une pollution du sol, des rivières et du système de distribution d’eau sur 850 kilomètres, selon les spécialistes internationaux.

Près de 60 millions de litres d’un mélange constitué de terre, de silice, de résidus de fer, d’aluminium et de manganèse (l’équivalent de 24 piscines olympiques, précise le journal Folha de S. Paulo) se sont déversés dans le Rio Doce (la douce rivière), le cinquième plus grand fleuve du Brésil. En quelques jours, des millions de poissons sont morts d’asphyxie et les habitants surnomment désormais ce fleuve le « Rio Morto » (la rivière morte).

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C’est la « plus grande catastrophe environnementale de l’histoire du Brésil », affirment les experts. La boue visqueuse de résidus miniers mélangés à de la graisse et différentes huiles avait entamé une descente du fleuve Doce, l’un des principaux du pays, jusqu’au week-end dernier lorsqu’elle a commencé à se déverser dans l’océan Atlantique, après avoir parcouru 650 kilomètres.

Après la stupeur liée à ce qui est désormais considéré comme «plus grande catastrophe environnementale de l’histoire du Brésil», le gouvernement brésilien indique qu’il va réclamer 5,2 milliards de dollars aux pollueurs.

Des substances hautement toxiques

Le barrage de déchets de minerais de fer de Samarco a cédé le 5 novembre près de la ville historique de Mariana, libérant une gigantesque coulée de boue qui a totalement submergé le village de Bento Rodrigue, faisant au moins 13 morts. Onze personnes sont toujours portées disparues, sans plus d’espoir d’être retrouvées vivantes. La coulée s’est ensuite répandue jusqu’à l’océan atlantique sur 650 km à travers le lit du fleuve Rio Doce. Sur son passage, elle a tué des milliers d’animaux, dévasté des zones de forêt tropicale protégées.

Les eaux polluées du Rio Doce contiennent des substances hautement toxiques telles que du plomb, de l’arsenic et du chrome, déjà présentes dans le lit du fleuve et qui sont remontées en surface au passage de la coulée de boue, a reconnu vendredi le groupe Vale, premier exportateur mondial de minerai de fer. Vale a en revanche nié que la coulée de boue visqueuse était elle-même toxique, comme l’ont affirmé cette semaine des experts de l’ONU.

Le mélange échappé du barrage n’est pas directement toxique pour l’être humain, disent les autorités, qui conseillent pourtant de jeter tous les objets et vêtements qui ont été en contact avec la boue. Les spécialistes, eux, expliquent que ce mélange pourrait agir comme une « éponge » qui piège les autres polluants. Quelques jours après le passage des eaux contaminées, des relevés ont ainsi montré un taux anormalement élevé de mercure à quelques kilomètres de la catastrophe. D’autres sources évoquent la présence de plomb, de cuivre et de divers métaux lourds.

Actuellement, ce sont plus de 500.000 personnes qui sont privées d’eau pour les approvisionnements domestiques et agricoles, le long des 850 km qui séparent Mariana et l’océan Atlantique. Des barrages et des usines de captation sont à l’arrêt à cause des déchets flottants et des tonnes de poissons morts. Par ailleurs, près de 600 personnes ont été déplacées à cause de la subite élévation des eaux. Par sa quantité et sa composition, cette vague de boue, qui progresse à la vitesse de 1,2 km/h, affecte toute une région pour au moins les cent prochaines années.

« Plusieurs siècles pour que la nature reconstitue un sol fertile »

Là où le « Fukushima brésilien », comme le désignent les internautes, a recouvert les terres, plus rien ne pourra repousser avant de longue années. « Ce type de résidu d’extraction est totalement infertile car il ne contient pas de matière organique », explique Mauricio Ehrlich, professeur de géo-ingénierie à l’Université de Rio de Janeiro (URFJ), « il faudra plusieurs siècles pour que la nature reconstitue un sol fertile ».

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La menace de la rupture d’un troisième barrage

Le gouvernement a annoncé le 17 novembre un plan de « revitalisation » du Rio Doce qui devra être financé par l’entreprise responsable. Or, Samarco se retrouve actuellement confronté à la menace de la rupture d’un troisième barrage. Malgré les travaux d’urgence qui sont en train d’être effectués, les dirigeants ont fini par admettre, en début de semaine, que le risque existe toujours. Les habitants de la région s’attendent à voir le bilan s’alourdir.

La présidente de l’Institut brésilien de l’environnement (Ibama), Marilene Ramos, rappelle que la catastrophe de Mariana n’est pas la première de ce genre. En 10 ans, cinq incidents de la sorte se sont produits, bien que de moindre ampleur. Le Brésil doit donc désormais prendre au sérieux les menaces que constituent les activités extractives pour l’environnement et revoir ses réglementations de sécurité.

Adaptation TDF

sources : http://fr.sputniknews.com/ / https://www.youtube.com/ / leparisientvoff / / http://www.leparisien.fr/ / http://www.reporterre.net/ / http://www.vedura.fr/

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