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Bonjour à tous.
Pour embrayer sur le post d'Adrian (nous sommes à qques km l'un de l'autre) je vais vous raconter l'histoire de la Station de Fréjorgues, officiellement station météo de Montpellier.
Jusqu'en 1946 (ou 47, je ne me souviens plus exactement), les valeurs climatologiques de Montpellier étaient relevées à l'École d'Agriculture de la ville (Adrian connait bien !), située à l'extrémité Nord-ouest de ce qui était alors sa seconde périphérie, dite "Hors Les Murs" !
Entourée de champs et d'exploitations agricoles (école oblige !) elle détenait la station officielle de la Météorologie Nationale. Les données, fournies tous les soirs par la Radio, après les "Informations" (pas avant, comme maintenant, car ce n'était pas une info primordiale) satisfaisaient tous les auditeurs, car elles représentaient bien (à un pouillème près) ce qu'avait indiqué le Min/Max à mercure de leur jardin (ou celui de derrière les volets !).
Anecdote, quand j'avais 12 ans et qu'il neigeait (un hiver sur 3 ou sur 5 !) on allait Avenue École d'Agriculture y faire du "ski", avec des copains, sur deux planches de tonneaux que le père de l'un d'eux lui avait prêtées. Et quand on était trop enneigés, on rentrait à la maison.
En 1946 (ou 47) les zhautes zautorités ont pensé que l'aviation "moderne", avec ses De Havilland, ses Potez 540 et autres Junkers, pourraient faciliter et améliorer l'économie montpelliéraine par des liaisons régulières avec Paris.
Mais, qui disait aérien disait obligatoirement météo pour les décollages et atterrissages des boîtes à sardines volantes (certaines en tôle ondulée, comme les deutches, 30 ans plus tard !).
À 10 kilomètres de la ville, au bord d'un étang jouxtant la Méditerranée se trouvait depuis avant guerre un petit aérodrome d'amateurs et de passionnés. On récupéra quelques hectares à proximité, construisit une piste "goudronnée" (!) (qui finissait dans l'étang, et quand on voulut la rallonger par enrochement quelques années plus tard, un Nord 2000 en fit les frais ... faisant glou-glou, glou-glou !)
Station météo obligatoire ? On déménagea alors celle de l'École d'Agriculture de Montpellier. Le climat "officiel" de la ville devint du jour au lendemain, la température au bord d'un étang à 10 km de là, dans une humidité marine à couper au couteau, et qui faisait parfois fuir les baigneurs de la plage voisine de Palavas, certaines fins de dimanches après-midi.
Et quand, l'été, Montpellier supportait un petit 39 degrés, la brise de mer rafraîchissait aussitôt le Thermomètre de la Station Officielle de Montpellier-Fréjorgues à 34 degrés.
L'hiver, la ville s'étant agrandie et son bloc thermique s'étant développé, il y avait bien longtemps que la pseudo-piste de ski de l'école d'agriculture n'avait plus vu un flocon de neige. Son thermomètre indiquait cependant parfois -2°, un matin, alors que celui "officiel" à 10 km de là n'indiquait que +3°, douceur de l'étang oblige !
J'ai bien connu la fin de cette période (années 70/80) étant assez souvent à la Météo-Nat, et le Patron, un homme fort sympathique ne cessait de pester contre cet illogique, inhumain et irresponsable déménagement qu'on lui avait fait subir.
Mais, les raisons économiques étaient là, foin des raisons scientifiques !
Le bouquet a été atteint (comme le raconte Adrian avec ses schémas) lors du dernier "déménagement" du Parc à instruments en 1988, désormais coincé entre un parking en activité permanente, une piste principale où les réacteurs à pleine puissance passent à quelques mètres de l'abri météo, tout ça dans notre aimable brouillard des étangs locaux, quand ce n'est pas un vent de mer à 1000% d'humidité (que les montpelliérains appellent le "Marinasse"), déjà bien "asséché" quand il parvient sur la ville.
Mais le Fric a gagné !
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