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Près de 3000 sites pollués recensés en Arctique

Vecteur de froid et de gel, l’Arctique a longtemps été perçu comme le lieu de confinement optimal des déchets de tous horizons. Incorrect, ce présupposé est lourd de conséquences pour la région Arctique. Poubelle des pays riverains depuis une trentaine d’années, celle-ci voit aujourd’hui ses rivières, lacs et eaux souterraines imprégnés par de multiples polluants, dont les PCB (1). Cette contamination est la résultante des variations de température et des niveaux des eaux, de la fonte des neiges, de la pluie et des inondations, interdisant au gel de jouer son rôle de cocon pour les polluants.

Une année de recherches a permis à l’association Robin des Bois de faire un inventaire des sites arctiques pollués par des déchets métalliques, chimiques et domestiques, les déchets radioactifs ayant été écartés de l’étude.

Au total, on recense 2750 sites pollués, répartis entre l’Alaska (509 sites), le Canada (662), le Groenland (468), la Suède (418), la Norvège (524) et la Finlande (169). Seule la Russie n’a pu être incluse, les autorités ayant refusé de répondre aux sollicitations du groupe associatif.

Les principales activités responsables de cette pollution persistante sont les bases militaires et scientifiques, la prospection (plomb, zinc…), l’exploitation et la distribution de gaz et de pétrole, le stockage de carburants et les infrastructures minières et sidérurgiques. Toutes génèrent de multiples rejets, les principaux étant les hydrocarbures, les métaux lourds, l’amiante, les PCB et autres Polluants Organiques Persistants (POP). Leur diffusion résulte de pratiques négligentes, d’accidents, voire de pollutions volontaires. Ainsi, en Alaska, à Prudhoe Bay, la fuite d’un segment d’oléoduc en 2006 a conduit au déversement de 946 tonnes de pétrole brut dans un environnement jugé fragile. Ce dernier n’en est pas moins coutumier de ce type d’incidents, le plus récent remontant à fin novembre 2009. Pas plus épargné, le Groenland pâtit de l’installation de bases militaires, scientifiques et météorologiques, dont les déchets sanitaires, alimentaires et d’hygiène sont soit regroupés dans des décharges sauvages, soit brûlés via des incinérateurs rudimentaires. De la même manière, le lac Ala Lombolo, situé dans le Nord de la Suède, est actuellement « empoisonné » par 200 kg de mercure en provenance des industries riveraines, et plus particulièrement d’un laboratoire et d’une clinique dentaires.

Témoignant de la pollution globale dont est aujourd’hui victime l’Arctique, ces exemples ont un impact croissant sur les milieux naturels et les populations qui en dépendent. De fait, de par leur régime alimentaire essentiellement basé sur les ressources aquatique et le gibier, les Inuits et populations indigènes de l’Arctique sont intoxiqués. La faune ne fait certes pas exception, une imprégnation aux PCB ayant été observée chez plusieurs espèces animales dans la région norvégienne de Svalbard, impliquant notamment les phoques, les baleines, les ours polaires et les oiseaux marins.

Face à de telles dérives, Robin des bois en appelle à un plan coordonné de gestion et de réhabilitation massif des sites pollués en Arctique.
Cécile Cassier

1- Les PCB ou encore polychlorobiphényles, désignent une famille de 209 composés organochlorés classés comme polluants organiques persistants (POPS). Produites industriellement depuis 1930, ces molécules ont fait l’objet de multiples utilisations massives jusque dans les années soixante-dix pour la fabrication des transformateurs électriques et comme additifs dans les peintures, les encres et les huiles de coupe. Très peu biodégradables, leur rejet dans l’environnement a entraîné des phénomènes de bio accumulation préoccupants. Les PCB se fixent dans la matière grasse des êtres vivants contaminés et des éventuels produits qui en sont dérivés. Ils constituent un risque potentiel pour la santé humaine avec des pathologies types : retards de croissance, problèmes de fertilité, voire cancers.

source : http://www.univers-nature.com/

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