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Montréal autorisé à vider ses égouts dans le Saint-Laurent

A l’heure où tout le monde parle de réchauffement climatique, d’écologie, de sauvegarde de l’environnement, et de la COP 21, voilà une information qui choquera plus d’une personne.

Montréal autorisé à vider ses égouts dans le Saint-Laurent, sous conditions. Le nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau, par la voix de sa ministre de l’environnement, Catherine McKenna, a finalement autorisé lundi 9 novembre 2015 l’opération, justifiée par la municipalité par les travaux routiers majeurs prévus depuis plusieurs années.

La ministre a toutefois imposé des conditions pour en limiter l’impact sur la nature. La municipalité montréalaise aura notamment l’obligation d’assurer « une surveillance visuelle » permanente des eaux usées rejetées et devra mettre en place « des barrages flottants ou d’autres mesures si des matières remontent à la surface », a expliqué le ministère. Montréal doit en outre effectuer des relevés divers sur la qualité de l’eau et sur la flore, autour des points de rejet, jusqu’en juin 2016, et transmettre ces données au ministère de l’environnement. Dès lors que ces critères seront respectés, l’opération pourra débuter et devra être conclue avant le 5 décembre 2015.

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Situation « critique »

Le gouvernement canadien a donc finalement donné son aval, sous conditions. Les scientifiques abondent dans le même sens : « Le message dans ce cas-là, c’est vraiment, on n’a pas le choix. Il faut vraiment éviter un plus grand déversement. On est dans une situation un peu critique, il faut faire quelque chose », atteste Sarah Dorner, titulaire de la chaire de recherche en protection d‘eau potable.

Jean Desjardins, qui offre un service de guide de pêche dans le fleuve, ne décolère pas, comme beaucoup d’autres : « Je trouve cela atroce comme nouvelle, je suis assommé aujourd’hui. » Son bateau reste à quai. Il craint les répercussions à long terme : « On s’apprête à jeter huit milliards de litres de merde. Ça va ternir encore l’image du fleuve pour les années à venir. »

Des maires et des citoyens très inquiets

Plusieurs élus de municipalités riveraines en aval de Montréal, dont les maires de Trois-Rivières et de Bécancour, dénoncent le projet de déversement.

« Nous ne sommes pas un champ d’épuration de la Ville de Montréal. »
— Serge Péloquin, maire de Sorel-Tracy
Le maire Péloquin s’inquiète notamment pour la biosphère du lac Saint-Pierre, qui se trouve sur la route du déversement. Cet écosystème reconnu par l’UNESCO représente 50 % des milieux humides du fleuve Saint-Laurent.

« Quel effet choc ça va causer sur l’écosystème de ce milieu-là? », s’interroge le maire, soulignant que la saison de la chasse au canard et à la bernache bat son plein. Il précise que le fleuve abrite 76 espèces de poissons dans le secteur de Sorel-Tracy. « Oui, on nous parle de dilution, mais rien n’empêche que toute cette quantité [d’eaux usées] va passer chez nous », déplore M. Péloquin.

Un résident de Montréal, Xavier Nonnenmacher, compte déposer une pétition à la Ville qui dénonce le déversement. La pétition a recueilli à ce jour près de 85 000 signatures.

TDF

sources : http://www.lemonde.fr/ / http://www.rfi.fr/ / http://ici.radio-canada.ca/

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