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L’exces de CO2 adoucit l’eau de nos oceans

Pendant que certaines études apportaient la preuve que les océans étaient de plus en plus acides, voilà un nouvel élément qui démontrerait le contraire.

L’acidité des océans pouvait bloquer le super puit de carbone qu’il est. Après déduction faite, un adoucissement de l’océan par de l’eau douce apporterait non seulement une baisse de la salinité mais activerait également le puit de carbone.

Quand le CO2 adoucit l’eau des océans…

En raison des taux tres eleves de gaz carbonique dans l’atmosphere, les plantes absorbent moins d’eau. D’ou un surplus d’eau douce continentale, qui s’ecoule vers les mers.

Les fleuves deversent de plus en plus d’eau douce dans les mers. Le responsable serait le gaz carbonique. La quantite d’eau douce deversee dans les oceans augmente depuis le debut du siecle, mais le simple accroissement des precipitations sur les terres emergees ne suffit pas a l’expliquer entierement. Nicola Gedney, climatologue au Centre Hadley pour la recherche sur le climat de Wallingford (Royaume-Uni), et ses collegues ont isole un facteur important de l’augmentation du ruissellement : la concentration elevee de CO2 dans l’atmosphere influe sur la physiologie des plantes et induit indirectement une baisse de l’evaporation de l’eau. En effet, la photosynthese des vegetaux joue un role primordial dans le cycle planetaire de l’eau, en influant sur l’evaporation de l’eau et en moderant ainsi le transfert de l’eau des continents vers l’atmosphere.

L’augmentation de la concentration du CO2 atmospherique entraine une fermeture des stomates foliaires [ces orifices microscopiques qui s’ouvrent et se ferment sont presents en forte concentration sur les feuilles des vegetaux : ils regulent les echanges avec l’air ambiant et l’evacuation de l’eau de la plante sous forme de vapeur], ce qui reduit ainsi la deperdition d’eau par les feuilles et diminue par consequent l’evaporation continentale dans son ensemble. Le gaz carbonique est la monnaie d’echange de la photosynthese vegetale : les plantes absorbent le CO2 present dans l’atmosphere et l’incorporent dans leurs tissus sous forme de composes carbones organiques. Cette absorption de CO2 s’effectue par l’intermediaire des stomates.

Cette eau en surplus va alimenter le ruissellement

Durant cet echange gazeux, de l’eau se perd inevitablement dans l’atmosphere via les memes stomates. Ce processus de transpiration des plantes regule le transfert de l’eau a la fois du sol vers les vegetaux [la transpiration des feuilles est le moteur principal de l’absorption de l’eau du sol par les racines] et des plantes vers l’atmosphere. Sur un sol couvert de vegetation, la transpiration vegetale peut contribuer sensiblement a l’echelle planetaire a l’evapotranspiration, qui represente la somme de la transpiration vegetale et d’autres types d’evaporation de l’eau du sol. Les plantes peuvent controler l’ouverture et la fermeture des stomates suivant les changements de leur environnement. Dans une atmosphere a teneur elevee en CO2, elles ont tendance a utiliser plus efficacement l’eau du sol. Les stomates ne s’ouvrent pas autant ou aussi longtemps, et l’eau s’echappe en moindre quantite. L’evapotranspiration continentale est donc reduite, le sol est plus humide, et cette eau de surface en surplus va s’ecouler et alimenter en grande quantite le ruissellement continental.

A l’origine, Gedney et son equipe ont etudie quatre facteurs qui auraient pu contribuer a cet accroissement du ruissellement continental : le changement climatique – qui entraine des modifications des temperatures et de precipitations –, les nouvelles methodes d’exploitation des terres agricoles et leurs repercussions sur la couverture vegetale, le presume “obscurcissement du soleil” du a l’aggravation de la pollution atmospherique, et l’impact direct du CO2 sur la transpiration vegetale. Les chercheurs ont simule les consequences de chacun de ces facteurs sur l’ecoulement de surface, puis ils ont compare les resultats avec les observations historiques que l’on a faites de l’ecoulement continental. L’analyse des auteurs montre que l’evolution modelisee de l’ecoulement correspond a l’evolution observee d’un seul facteur : celle de l’effet direct du CO2 sur la transpiration. Par deduction, ils ont attribue l’augmentation du ruissellement continental du siecle passe a l’effet sur la physiologie des plantes d’un accroissement de la concentration du CO2 dans l’atmosphere.

Cependant, comme pour toute analyse statistique, ces resultats sont tres dependants de la conception experimentale de l’etude et de la qualite des observations. A mesure que progressent notre comprehension de la biosphere terrestre et notre capacite a modeliser et a surveiller celle-ci, il sera peut-etre possible d’identifier d’autres facteurs contribuant a ces hausses d’ecoulement. Les resultats obtenus par Gedney et ses collegues n’en representent pas moins une etape importante vers une meilleure comprehension des repercussions diverses et complexes des activites humaines. Ils auront certainement des implications sur le probleme du rechauffement de surface, qui pourrait s’aggraver, mais aussi sur les disponibilites en eau douce, qui pourraient augmenter si le CO2 continue d’affecter le cycle de l’eau. Cette etude ouvre egalement des pistes passionnantes, comme celles consistant a utiliser les releves d’ecoulement des cours d’eau pour suivre le fonctionnement des ecosystemes terrestres en reaction aux changements climatiques ou a etudier comment les modifications du ruissellement dues au CO2 risquent d’affecter la circulation oceanique.

source : Courrier international n° 802,16/03/06 Damon Matthews, Nature

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