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Le marché européen du CO2 cherche encore son équilibre

Business is Business, Le marché européen du CO2 cherche encore son équilibre.

Dans un système où la finance est le moteur du système, et à la veille de ce qui pourrait être un choc climatique sans précédent, bienvenue dans le business du CO2…

Après une année et demi d’existence, le marché européen du carbone, outil essentiel pour réduire les émissions de CO2 dans l’UE, cherche encore son équilibre, les entreprises n’ayant pas utilisé tous les quotas d’émission qui leur avaient été alloués pour 2005.

Selon les chiffres publiés lundi par la Commission européenne pour 21 pays (manquent encore les données pour Chypre, Luxembourg, Malte et la Pologne), quelque 9.000 sites industriels voraces en énergie ont rejeté l’année dernière 1.785 millions de tonnes de CO2 sur les 1.829 qui leur ont été alloués, en moyenne annuelle sur la période 2005-2007.

Si des émissions inférieures aux crédits prévus sont « en principe une bonne nouvelle pour l’environnement » selon la Commission européenne, cela va à l’encontre de la logique de cette bourse, qui repose sur la rareté des quotas disponibles.

L’idée est en effet d’inciter certains industriels, pour lesquels ce n’est pas trop difficile, à réduire leurs émissions, sachant qu’ils pourront revendre leurs crédits non utilisés à d’autres entreprises, qui préféreront elles acheter des quotas.

Mais les entreprises risquent d’être moins tentées d’investir dans des technologies propres si le prix de la tonne de CO2 chute fortement, ce qui s’est justement passé depuis deux semaines après la publication de premières données montrant des excédents. Le cours du CO2 est ainsi passé de 25 euros à moins de 10 euros vendredi, avant de légèrement remonter lundi à 13 euros.

Pour Henrik Hasselknippe, analyste de la lettre d’information Point Carbon, « l’important est maintenant d’analyser ces excédents pour savoir s’ils sont dus à des réductions effectives d’émissions ou à une sur-allocation de quotas aux entreprises », comme l’affirment les écologistes.

Pour Artur Runge-Metzger, en charge du dossier à la Commission, « il y a une variété de raisons possibles » (plus grande efficacité énergétique, moindre consommation en 2005 du fait d’un hiver doux, etc) et il est « prématuré de parler d’une sur-allocation de quotas ».

La Commission et les Etats membres vont devoir vérifier les raisons de ces décalages au niveau de chaque installation, a-t-il estimé.

Alors que le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie ont dépassé leurs quotas, l’Allemagne et la France ont enregistré des excédents de quotas importants, ce qui selon le ministre britannique de l’Environnement Ian Pearson soulève « des question sur la rigueur » des niveaux fixés dans ces deux pays.

Les émissions en Allemagne se sont ainsi élevées à 474 millions de tonnes, soit 21 millions de moins que la quantité totale de certificats distribués. Selon l’office fédéral de l’environnement, la différence est due en partie aux efforts de réduction des entreprises.

Pour la France, les émissions ont atteint 131 millions de tonnes contre 150 millions envisagés.

Dans un communiqué commun, les organisations écologiques WWF, Réseau Action Climat, Amis de la Terre et Greenpeace ont appelé les Etats membres à se fixer des « objectifs rigoureux » dans les plans d’allocation pour la prochaine période du marché 2008-2012.

Ces plans nationaux devront être remis d’ici au 30 juin pour approbation à Bruxelles.

« Nous avons maintenant pour la première fois des données vérifiées au niveau des installations qui permettront d’élaborer ces nouveaux plans sur de bonnes bases », a jugé M. Runge-Metzger.

L’UE compte en effet sur ce marché pour rattraper son retard dans la réalisation des objectifs du protocole de Kyoto.

En moyenne sur la période 1999-2003, les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, n’avaient en effet diminué que de 2,9% par rapport à 1990, année de référence de Kyoto, alors que l’UE devra les avoir diminuées de 8% sur 2008-2012.

Source : AFP / Wanadoo

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