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Le genre Homo est-il apparu en Asie ?

Il y a 2,6 millions d’années, au pied de l’Himalaya, des carcasses ont été découpées avec une habileté comparable à celle que l’on attribue au genre Homo, pourtant censé être apparu en Afrique un peu plus tard.

Out of Asia ? L’origine africaine du genre Homo est très plausible, sinon probable. Mais depuis que des preuves de la présence de préhumains ou de premiers humains au piémont indien de l’Himalaya ont été publiées par une équipe franco-indienne, dirigée du côté français par Anne Dambricourt-Malassé, du Muséum national d’histoire naturelle, une origine asiatique du genre Homo redevient envisageable.

Redevient ? En fait, cette possibilité est évoquée depuis longtemps – dès les années 1930, après la découverte de l’espèce hominoïde Sivapithecus dans le piémont himalayen. Cependant, la mise au jour en Afrique d’un nombre croissant de restes d’australopithèques, puis des plus anciens fossiles humains, ainsi que d’industries lithiques et de vestiges de découpages de boucherie attestant d’une habileté grandissante, a imposé l’idée que c’est en Afrique que s’est déroulée l’hominisation.

Selon cette idée, il y a quelque 2,5 millions d’années, le climat aurait orienté l’évolution de certains australopithèques graciles, qui auraient acquis la bipédie et de plus gros cerveaux.

Les découvertes de l’équipe franco-indienne défient ce paradigme. Depuis plusieurs années, ces chercheurs fouillent la formation de Masol. La structure de cette butte, située non loin de la ville de Chandigarh, au Pendjab, donne accès à des couches de limon et de grès très fossilifères, qui sont datées avec certitude à plus de 2,58 millions d’années. Ces couches illustrent un phénomène toujours en cours dans l’Himalaya : les rivières donnent parfois lieu à de violentes inondations dues à la mousson, noyant ainsi des animaux que les charognards exploitent à la décrue.

Elles montrent aussi que certains charognards étaient des humains ou des préhumains, qui ont laissé des outils en quartzite. Fouillant le limon en trois endroits, les chercheurs ont de plus récolté 1 500 os fossilisés, dont plusieurs striés par des outils.

Pour les analyser, ils ont d’abord caractérisé précisément les stries à l’aide du microscope numérique 3D et du microscanner du Muséum. Puis, à l’aide d’outils en quartzite similaires à ceux de Masol, ils ont découpé de la viande attachée aux mêmes os que ceux trouvés striés sur le site paléontologique. Ils ont constaté le même genre de marques : fines, rectilignes avec des barbelures, ordonnées selon les zones d’insertion de tendons qu’il faut arracher pour atteindre l’os et le briser afin d’en consommer la moelle, riche en protéines et lipides.

Jusque-là, les capacités cognitives que dénote cette façon de faire n’ont été attribuées qu’au genre Homo, du moins quand on les observe en Afrique sur des scènes comparables, vieilles de 2,5 millions d’années. Les chercheurs soulignent que leur découverte n’est pas isolée en Asie : dans la grotte de Longguppo, en Chine du Sud, des traces de boucherie et de l’industrie lithique, ainsi qu’un fragment de mandibule d’apparence humaine, ont été datés à 2,48 millions d’années. Si l’équipe d’Anne Dambricourt-Malassé a raison, l’Asie du Sud a aussi pu être le siège d’une hominisation, voire de l’hominisation. Intrigant.

source : http://www.pourlascience.fr/

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